Girault de Prangey

La villa de Girault de Prangey





Girault de Prangey, 
dessinateur, historien de l'architecture, photographe, botaniste
d'après Christophe Dutoit Miroirs d'argent

Dictées non préparées
  • Joseph-Philibert Girault de Prangey est né à Langres le 20 octobre 1804. Il reçoit en héritage une assurance matérielle qui le mettra à l'abri du besoin tout au long de sa vie. Ce qui ne l'empêchera pas de travailler avec frénésie. 
  • Le début des années 1830 marque pour Girault de Prangey le temps des premiers voyages. Son périple débute par la découverte de Venise. Puis, il parcourt la côte adriatique, va à Rome et traverse la Méditerranée en direction du Maghreb.
  • Après plusieurs semaines d'excursions picturales, Girault de Prangey quitte le littoral africain. Au terme d'une année de relevés architecturaux en Espagne, il gagne la Sicile où il séjourne six mois et achève son périple en Suisse. Au final, il aura voyagé quatre années durant.
  • Tout au long de ce premier voyage, Girault de Prangey s'intéresse presque exclusivement aux monuments d'inspiration arabo-musulmane. Il dessine les bâtiments, les arcades, les fontaines, les colonnades dans leurs moindres détails.
  • En contrepoint à ses lointains voyages, Girault de Prangey s'intéresse aux vestiges antiques de sa ville de Langres. Avec quelques amis, il fonde en 1833 la société historique et archéologique de Langres (SHAL).
  • A Courcelles-Val-d'Esnoms, il échange une maison héritée de sa famille maternelle contre un lopin de terre en friche au lieu-dit Les Tuaires. Au pied d'une falaise, à quelques mètres en contrebas du plateau de Langres, il entame la construction d'une étrange villa, qui empruntera au style mauresque sa coupole sommitale et ses ornements précieux.  
  • Au milieu d'épais massifs de verdures, fraîches et lustrées, la maison orientale montait, svelte, blanche, avec ses fenêtres tréflées et ses balcons tapissés de fleurs exotiques. Autour de la légère coupole étincelante, des hirondelles se poursuivaient avec des cris joyeux. Au-dessous des balcons, une source vive jaillissait du rocher et bourdonnait dans un frissonnement de plantes humides.
  • A Paris, le 19 août 1839, l'invention du daguerréotype est officiellement divulguée. Girault de Prangey s'intéresse rapidement à ce nouveau procédé, il réalise d'excellentes vues de monuments parisiens. Conquis par la qualité de ses essais, il décide de partir à la découverte de l’Orient avec un appareil à dessins photographiques.
  • Après l'Espagne et l'Alhambra, il veut poursuivre son étude des monuments arabes sur le pourtour méditerranéen. Au soir de l'année 1841, il termine les préparatifs de son « Grand Tour » sur les pas de Chateaubriand et de Lamartine. 
  • Quel équipement surprenant ! Une sorte de malle souple lui sert de laboratoire et de chambre noire ; elle contient ses fioles, car il faut confectionner ses plaques soi-même. Il est muni de plaques de cuivre de différents formats, de chambres noires, d'objectifs, de boîtes à rainures pour insérer les daguerréotypes. La malle suit le voyageur sur les bateaux, à l'arrière des voitures, à dos de cheval, de chameau.    
  • En Italie, en Grèce, sa moisson de daguerréotypes est impressionnante. En Egypte, il réalise près de 250 plaques. Après avoir séjourné tout l'hiver en Egypte, le photographe entame, en 1843, sa remontée vers le nord jusqu'à Constantinople. La plupart des cités mythiques de l'Antiquité reçoivent la visite de l'érudit.  
  • A l'automne 1843, il décide de retourner en Egypte, il remonte le Nil jusqu'à la première cataracte. A Jérusalem, il photographie des lieux saints chrétiens et musulmans afin de comparer les deux styles architecturaux.  
  • Au terme de ce long périple de trois ans, Girault de Prangey rapporte près de mille daguerréotypes, aujourd'hui préservés dans leur quasi-totalité.  
  • Girault de Prangey se retire définitivement de la vie publique dès le milieu des années 1850. Il vit désormais en ermite dans sa villa des Tuaires. 
  • De longues serres courent au long des murs de soutènement, puis des volières d'eau qui voient barboter à plaisir les canards multicolores et la faisanderie, où une paire de faisans a été payée 2000 francs.  
  • L'eau coule partout, en cascades et en jets d'eau sous la maison, en bassins dans les potagers et les communs. Dans le parc, une fontaine pétrifiante étage ses rayons superposés, l'eau claire s'écoule goutte à goutte sous les vertes frondaisons. 
  • Les orchidées embaument les serres entre les fougères et les palmiers. Les fruits exotiques, ananas, bananes, raisins, oranges ou cédrats, tentent le visiteur sous l'œil vigilant de l'auteur de ces merveilles.
  • Dans sa retraite horticole, Girault de Prangey n'abandonne pas complètement la pratique de la photographie et il exerce ses talents avec un appareil stéréoscopique. Il prend surtout des natures mortes de ses plantes exotiques, qu'il collectionne comme un herbier. 
  • Durant près de quarante ans, il ne quitte qu'à de rares exceptions sa vaste demeure. Ainsi, durant la seconde moitié du XIXe siècle, il voit couler ses jours dans la quiétude du plateau haut-marnais, jusqu'au 7 décembre 1892.
  • Aujourd'hui, à Courcelles-Val-d'Esnoms, une forêt dense recouvre les ruines de sa villa.
  • Le lierre et le gui coriaces ont étouffé les pâles orchidées tremblantes sous la neige. Les roses sont devenues des ronces. Libérées de toutes entraves, les sources ont repris leurs murmures cascadants.